Autre démenti, celui du porte-parole du président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker : « Cette information est totalement fausse. Il n’y a pas de réunion de l’Eurogroupe en cours ou prévue ce week-end », a dit vendredi soir à l’AFP Guy Schüller.
La chaîne publique allemande ARD, le Wall Street Journal, et le Spiegel maintenaient toutefois qu’une réunion était prévue. Ils avaient raison. La réunion de l’Eurogroupe a bien eu lieu, ce qui a fini par alimenter davantage les rumeurs. « Nous n’avons pas discuté de la sortie de la Grèce de la zone euro, c’est une idée stupide, c’est un chemin qui ne mène nulle part, c’est une possibilité que nous ne prendrons jamais », a déclaré le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker en mangeant son chapeau, à la sortie de la réunion qui ne devait pas avoir lieu.
En plus de la sortie de la Grèce de l’union monétaire, la restructuration rapide de la dette du pays figurait également à l’ordre du jour. Étant donné la situation extrêmement tendue, la réunion de Luxembourg a été déclarée hautement confidentielle et seuls les ministres des Finances de la zone euro et les hauts fonctionnaires furent autorisés à y assister. Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, (CDU) et Jörg Asmussen, un secrétaire d’État influent au sein du ministère des Finances, étaient présents au nom de l’Allemagne.
Selon le SPIEGEL ONLINE, le ministre allemand des Finances Schäuble a encore l’intention de chercher à dissuader la Grèce de quitter la zone euro. A cet effet, il a emmené à la réunion de Luxembourg un document interne préparé par les experts de son ministère visant à avertir des conséquences désastreuses si Athènes abandonnait l’euro.
« Elle conduirait à une dévaluation considérable de la nouvelle monnaie nationale grecque face à l’euro », indique ce document. Selon les estimations du ministère allemand des Finances, la devise pourrait perdre jusqu’à 50 pour cent de sa valeur, conduisant à une augmentation drastique de la dette nationale grecque.
Les experts de Schäuble ont calculé que le déficit national de la Grèce s’élèverait alors à 200% du produit intérieur brut, après une telle dévaluation. « Une restructuration de la dette serait inévitable », avertissent les experts dans le document.
En d’autres termes : la Grèce ferait faillite.
Il reste à savoir si il serait même possible légalement pour la Grèce de s’écarter de la zone euro. Les experts juridiques estiment qu’il serait également nécessaire pour le pays de se séparer complètement de l’Union européenne pour pouvoir abandonner la monnaie unique. Dans le même temps, il est douteux que les autres membres de l’union monétaire puissent s’opposer à une sortie unilatérale de la zone euro par le gouvernement à Athènes.
Ce qui est certain, selon l’évaluation du ministère allemand des Finances, c’est que « la mesure aurait un impact désastreux sur l’économie européenne. »
« La conversion de devises conduirait à la fuite des capitaux », écrivent-ils. Et la Grèce pourrait se voir forcée de mettre en œuvre des contrôles sur les transferts de capitaux pour arrêter la fuite des fonds hors du pays. « Cela ne pouvait pas se concilier avec les libertés fondamentales instillée dans le marché intérieur européen », indique le document. En outre, le pays serait également coupé de marchés de capitaux pour les années à venir.
En outre, le retrait d’un pays de l’union monétaire commune serait sérieusement dommageable à « la crédibilité du fonctionnement de la zone euro », poursuit le document. Les investisseurs internationaux seraient forcés de considérer la possibilité que d’autres membres de la zone euro puissent se retirer à l’avenir. « Cela aboutirait à la contagion dans la zone euro », poursuit le journal.
Conclusion
Contrairement aux thèses fumeuses et volontairement effrayantes des « experts » du ministère allemand des finances, la dette externe de la Grèce ne doublera pas, dès lors que les créanciers n’auront d’autre choix que d’accepter d’en perdre la moitié, par sa conversion dans la nouvelle monnaie nationale (dans l’hypothèse d’une dévaluation de 50%) ou de tout perdre par la cessation totale des paiements de la Grèce. La Grèce a donc tout intérêt à sortir de l’euro, et tous les scénarios catastrophes des "experts" allemands s’effondrent.
Juridiquement, le traité de Maastricht ne prévoyant aucune sortie, contrairement à celui de Lisbonne, la seule solution est bien de passer par le fameux article 50 (dont j’ai été le premier à en découvrir l’extrême intérêt). La Grèce perdra au passage les fonds structurels européens, perte qui sera largement compensée par les retombées de sa nouvelle monnaie en adéquation avec son économie, le rétablissement de la paix sociale et le retour du tourisme.
Ne soyons pas trop optimistes : tout cela ne se fera pas sans heurts. Les difficultés de la Grèce - comme des autres pays encore prisonniers de l’empire - viendront tout d’abord de l’acharnement des dirigeants à privilégier les intérêts des milieux financiers à ceux des nations, des économies réelles et des peuples, de leur enfermement dans le dogme ultra-européiste, deux fautes qui risquent fort de les conduire à faire de la Grèce une victime expiatoire, un épouvantail dérisoire censé dissuader les autres peuples de recouvrer la liberté de leurs nations.
Le ridicule de la réunion « secrète » est symbolique de la schizophrénie des dirigeants européens qui refusent l’évidence : malgré la toute puissance médiatique, malgré la confiscation de la politique par ces pitoyables serviteurs des banquiers faillis, la victoire des peuples d’Europe approche à grand pas, soutenue par un allié implacable : la réalité économique....
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